Le weekend dernier a vu l’émergence médiatique d’un nouveau regroupement politique qui veut à moyen terme, on s’en doute, se constituer en parti provincial. Cet appel émouvant aux « orphelins politiques » par l’avocat Paul Saint-Pierre Plamondon, co-fondateur du groupe Génération d’Idées avec Mélanie Joly, veut « ramener l’idée du progrès social au Québec », pour reprendre les mots qu’il a lui-même utilisés dans une entrevue qu’il a donnée au magasine L’Actualité à la sortie de son livre Les Orphelins Politiques en 2014. Ramener le progrès social en regroupant les orphelins politiques… Il va sans dire que maître Saint-Pierre Plamondon possède l’art de manier les formules rassembleuses. Mais qu’y a-t-il derrière cette tendance du Québec à se fragmenter toujours davantage?
Mois : mars 2016 Page 1 of 3
Dans une société où le désaccord, le débat et le conflit sont craints, où l’incertitude est honnie et où la fête est reine, il n’y a rien de plus dérangeant que l’autre et l’hétérogénéité qu’il suppose. Et il n’y a pas de méthode plus douce pour le faire disparaître que d’organiser un grand et perpétuel spectacle en son honneur, de le mettre en scène, de le modeler et le façonner, de l’instrumentaliser, puis de l’artificialiser. De se l’approprier. D’entendre son cri exalté lentement se noyer dans la cacophonie carnavalesque de la célébration en son honneur qui ne se termine jamais.
Disons-le franchement et sans détour : tenter de comprendre l’univers politique ou de concevoir une stratégie politique basée sur la bonne foi des autres acteurs et leur fidélité à des impératifs moraux relève d’une grande naïveté, hélas aussi émouvante que stérile.